Blogs, klogs, plogs… en entreprise

On les appelle couramment des weblogs, ou blogs pour faire plus court, ou carnets web pour faire plus francophone. Certains carnets web s’étant spécialisés, on a poussé les néologismes : klogs désigne les carnets web dédiés au partage de connaissance (knowledgelogs) ; plogs désigne les carnets de bord d’équipes projets (project logs) ; moblogs désigne les carnets web dont la mise à jour s’effectue depuis un PDA ou un téléphone portable (mobile logs). Sans compter les photologs et autres vlogs (video logs). Et puisque les carnets Web font leur entrée dans le monde de l’entreprise, on en revient à dire que blog = business-log.

Un journaliste du magazine CIO (dédié aux directeurs informatiques) confirme que parmi les plus grosses entreprises au monde (Fortune 500), un nombre significatif utilisent des blogs au sein de leurs départements informatiques notamment en tant que project logs pour coordonner et commenter l’avancement de projets informatiques.

Il cite dans son article les motivations de ces entreprises, et ses lecteurs en ajoutent quelques unes :

  • [leur] mélange de commentaires critiques est vu davantage comme constructif que l’inverse

  • si j’étais un gestionnaire des ventes d’un géant pharmaceutique, j’apprécierais de pouvoir de temps en temps parcourir le carnet de mon interlocteur informatique qui installe un système d’automatisation des forces de vente

  • [on peut] difficilement imaginer un meilleur moyen d’ancrer les nouveaux membres d’un service informatique dans un même contexte

  • un plog donne l’occasion à un leader d’observer dans son ensemble le « storyboard continu » [de son projet] pour évaluer si les actions ou les réflexions en cours vont permette de produire les livrables attendus pour le projet

    Il peut ainsi réagir comme le ferait un réalisateur ou un metteur en scène

  • contrairement aux approches top-down habituelles du knowledge management,
    les plogs et leurs cousins permettent au savoir de rester proche du créateur de ce savoir

    Les carnets web sont des outils individuels et qui valorisent la contribution de l’individu plutôt que de le noyer dans la masse

  • les blogs prennent le relais électronique de la machine à café

L’auteur de cet article, et ceux qui l’ont commenté, citent également divers risques qu’il s’agit de gérer intelligemment dans l’adoption des carnets web en entreprise :

  • rester constructif : la motivation des lecteurs d’un carnet de projet doit davantage être la curiosité (savoir où en est le projet par exemple) que la volonté d’interférer
  • prévenir les ingérances indues : à la lecture d’un plog, grande peut être la tentation de devenir un micromanager qui interfère indûment dans les affaires en cours
  • prévenir les crises de blogorrhée :
    la ligne entre la libre expression et l’auto-indulgence est effroyablement fine

    et les carnetiers peuvent avoir tendance à verser dans l’auto-promotion ou le noyage de leurs lecteurs potentiels dans une prose égocentrique qui n’intéresse qu’eux-mêmes

  • éviter de communiquer plutôt que de travailler : il arrive qu’à force de prendre du plaisir à communiquer avec ses collègues, on en perde le sens des priorités !
  • ne pas se laisser abuser par une belle communication : un plog peut devenir un outil de politique de couloirs, une caisse de résonance pour ceux qui savent que leur manager n’est pas capable de distinguer les vantards des collaborateurs efficaces
  • être efficace : pour que les carnets web ne soient pas « encore une autre tentive de gérer les connaissances », il s’agit que leur adoption soit guidée par le pragmatisme et les usages qu’en font les utilisateurs pilotes et non par les concepts ou les outils

Dave Pollard avait quant à lui, sur son carnet Web, réuni un certain nombre de (bons) conseils pour mettre en oeuvre un politique de carnettage dans une entreprise :

  • Les blogs sont individuels (non aux carnets d’équipes)
  • La taxonomie d’un blog doit rester propre à son auteur (et ne pas se perdre dans une politique bureaucratique ou technocratique de classements/catégorisation de concepts !). Elle reprendra typiquement la manière dont l’auteur organise le répertoire « Mes documents » de son poste de travail ou bien sa boîte aux lettres ou plus simplement son armoire.
  • Les meilleurs candidats au carnettage en entreprise sont ceux qui ont déjà l’habitude de publier abondamment en entreprise : éditeurs de newsletters, experts, communiquants. Ce sont ceux que l’on citera spontanément en répondant à la question : « lequel de vos collaborateurs a des fichiers dont le contenu vous serait le plus utile dans votre travail ? »
  • Pour chaque possesseur d’un carnet web, demandez à vos informaticiens de convertir en HTML et de mettre en ligne dans son carnet Web l’ensemble de ses fichiers bureautique, pour constituer une archive qui apportera une valeur immédiate à ses lecteurs.
  • Avec l’aide de vos équipes marketing, créer chez vos clients l’envie d’accéder à certains carnets web de vos collaborateurs, comme si il s’agissait d’un canal privilégié de relation avec l’entreprise.

Le journaliste de CIO.com estime que

les organisations IT qui utilisent efficacement les blogs comme outils de management (ou comme ressources pour la communication) sont probablement des environnements de développement [humain] qui prennent au sérieux les personnes et les idées.

Il estime enfin que

lorsqu’un développeur ou un manager ou un chargé de support clientèle réussit à produire un plog qui suscite l’attention, qui sensibilise et qui suscite le changement, alors c’est une compétence qui mérite reconnaissance et récompense.

6 réflexions au sujet de « Blogs, klogs, plogs… en entreprise »

  1. Moriarty

    Je trouve l’expérience blog très intéressante et certainement très utile en entreprise (j’entretien mon blog en intranet) mais je me pose la question de la popularité du blog.
    Je travail dans un centre de R&D et il y a encore 90% des salariés qui ne savent pas ce qu’est un blog.
    Est-ce que ca va changer ?

  2. Sig

    Moriarty, je suis personnellement très confiant : oui, ça va changer. J’avais fait signe au directeur de la comm’interne de mon employeur (une grosse boîte du même style que le tien) pour attirer son attention sur les blogs. Et, quelques semaines plus tard, j’ai appris que le directeur des finances de mon employeur (un très grand chef, ici-bas) se renseignait auprès de mes supérieurs (directeur des systèmes d’information,…) au sujet des carnets web. A-t-il lu un article dans le Figaro Economie au sujet des blogs ? Est-ce mon message au directeur de la communication interne qui a circulé ? Je ne sais pas. Mais je sais que si le sujet des carnets web est susceptible d’exciter l’intérêt de grands directeurs financiers, c’est qu’il y a potentiellement quelque chose de très vendable pour la communication en entreprise, bref le concept séduit.

    Maintenant, c’est sûr, il faudra encore attendre pas mal de temps avant que les mastodontes francophones qui nous emploient ne lancent de grands projets visant à l’appropriation des carnets web par les salariés de l’entreprise. Mais, pour le moment, j’ai été agréablement surpris de tous ces signes positifs d’intérêt !

    Fais-moi signe si jamais les choses bougent du côté de ta boîte et merci pour ton témoignage !

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